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Je pensais que mon genre était par défaut : Chapitre 2

  • contact489734
  • 23 nov. 2024
  • 5 min de lecture

 

Après m'être vraiment compris en tant que trans, j'ai rapidement cherché un psychiatre, un endocrinologue et une chirurgienne. C'était assez flippant de faire des recherches tout seul mais habitant pas loin de Paris, ça n'a pas été très dur à trouver une fois que je me suis vraiment mis dedans.

Heureusement pour moi, ça a été plutôt facile de trouver les professionnels dont j'avais besoin (malheureusement ce n'est vraiment pas le cas de tout le monde)

J'ai donc vu le psychiatre, la chirurgienne et l'endocrinologue (oui dans ce sens-là, je voulais la top surgery en premier) 

Après consultation avec la chirurgienne, on a décidé de commencer par les hormones et de se revoir après 6 mois.

Ça m'a fait un coup, je voulais aller au plus vite mais c'était le mieux pour avoir le résultat optimal après mon opération.

 

J'ai donc commencé la testostérone en octobre 2022. Ça c'était incroyable. J'ai rapidement eu des résultats visibles : la voix qui baisse, la pilosité, le visage et le corps qui change.

Mais ça n'a clairement pas été la partie la plus facile à cause de ma poitrine. Dans mon imaginaire j'étais plus une femme à barbe, qu'un homme avec des seins, et ça c'est chiant. S'en est suivi les 6 mois les plus longs de ma vie. Attendre impatiemment quelque chose, ça fait tourner la pendule au ralenti. Le plus dur dans cette période, c'est ce perpétuel paradoxe entre l'euphorie de genre grâce aux premiers changements de la testostérone, et la dysphorie de ma poitrine qui me semblait énorme, de mon corps en règle générale, du fait d'être appelé "madame" quand tu as tout fait pour paraître le plus masculin... Mais surtout le plus dur pour moi ça a été les angoisses ; avoir une crise de nerfs à chaque fois que je m'habille parce que je déteste mon corps et que mes vêtements ne semblent pas bien mais, et j'ai pas assez l'air d'un garçon.


Je me rappelle de ce moment où je dois utiliser des toilettes publiques et je ne suis pas assez homme mais trop à la fois. Aucun côté ne me semblait safe. Et puis se cacher derrière des tonnes de vêtements pour cacher ses courbes, ne marchait même pas tellement sur moi et me faisait sembler le double de ma taille. En règle générale, mon corps c'était l'enfer et j'étais encore plus mal en public.

 

C'est seulement vers 4/5 mois sous testostérone que les gens ont commencé à m'appeler monsieur, et ça, c'est cool ! Ça m'a fait bizarre parce que j'étais persuadé que ce ne serait le cas qu'après ma torsoplastie, mais au final je n'ai pas eu besoin de ça. A partir de ce moment-là, je me sentais un peu plus confiant en public même si c'était toujours pas optimale.

 

Le 3 mai 2023 j'ai eu mon opération. La veille, ma chirurgienne m'a fait venir pour faire les marquages et parler de la procédure. Pour parler un peu technique, au total, la chirurgie en elle-même + l'hospitalisation pour une nuit en clinique privé + l'anesthésiste ça m'a fait environ 4000€. C'est une somme mais c'est loin d'être la plus chère que j'ai vu. 

Heureusement tout s'est bien passé, j'avais une infirmière trans aussi ce qui était incroyable et tout le monde a été très gentil. Le seul problème a été au réveil ; étant hématophobe, le fait de vomir à mon réveil a été assez dure, mais le pire a été la compression post opératoire. Si j'ai bien compris, j'ai eu droit à une extra compression qui a été très inconfortable et douloureuse et qui m'a empêché de manger pendant plusieurs heures. Au long de la nuit, la situation s'est arrangée et j'ai pu manger et dormir plutôt normalement. 

 

Le lendemain je pouvais déjà sortir, j'étais défoncé, j'avais mal, mais j'ai découvert pour la première fois, mon torse plat! Et ça, un banger!

J'ai quand même eu un choc, j'avais des hématomes, mon torse était enflé et tout me paraissait bizarre. Mais c'est passé avec le temps.


Les semaines suivantes ont été rythmées par la venue des infirmiers et infirmières pour refaire mes pansements. C'était dur niveau confiance en soi, de ne pas pouvoir prendre de vraies douches et d'être toujours empêché dans mes mouvements (et j'avais mal aussi). Mais ça valait le coup. Les semaines ont passé et la douleur a laissé sa place à l'inconfort puis tout s'est calmé. Deux semaines après mon opération, j'ai revu ma chirurgienne pour voir si tout allait bien et pour enlever les boutons de coton qui tenait mes tétons. Tout allait bien, la greffe avait tenu, tout semblait guérir correctement. Après un mois, j'ai pu arrêter de porter le boléro de contention que je devais, jusque-là, porter H24. Ça c'était un sacré sentiment de libération, et la première vraie douche à grandes eaux, c'était le meilleur sentiment de ma vie.

Au fur et à mesure, je sentais de moins en moins mes cicatrices et j'ai pu avoir l'euphorie d'essayer des vêtements qui m'allait enfin de la façon dont je voulais. 

 

Là où pour certains, les opérations peuvent permettre de "passer" mieux, pour moi ça m'a permis de pouvoir redécouvrir mon expression de genre et de m'amuser avec les vêtements et le maquillage et cette fois en partant sur une base masculine. J'étais tellement plus à l'aise puisque maintenant même avec du maquillage et en jupe, je n'étais pas "Madame" pour autant.

 

Aujourd'hui, je n'ai jamais été autant à l'aise avec moi-même et mon corps. Je m'identifie en tant que non binaire avec tendance à présenter de façon masculine, mais j'aime ne pas être un homme pour autant. Je joue toujours avec mon apparence même plus que jamais. J'adore éduquer les gens sur la transidentité et la notion de genre dès que j'en ai l'occasion. Je suis fier de pouvoir aider d'autres personnes trans dans leur parcours et de voir d'autres personnes trans vivre leur vie et toutes les joies d'être trans.

 

Bien sûr, tout ceux d'entre nous n'ont pas cette chance et dans le climat actuel, être trans ou queer est loin d'être là situation la plus enviable voir la plus safe.

 

Mais si jamais toi qui lis ça, tu es trans, je te promet que ça ira. Ça peut sembler insurmontable maintenant mais tu arriveras à faire ce dont tu as besoin et à vivre ta meilleure vie.

Si tu as besoin, n'hésite pas à te rapprocher de personnes qui peuvent t'accompagner, des associations, des conseillers familiaux ou des personnes de la santé. Tu n'es pas seul.e et tu vas réussir.

 

 

Merci de m'avoir lu.

 

Thaïs Saint-Mars

 
 
 

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